Un destin politique hors du commun

Son éducation libérale le conduira à épouser les premiers idéaux de la Révolution prônant l’évolution politique vers une monarchie constitutionnelle. Embrassant la carrière militaire, il s’illustre comme lieutenant-général lors des batailles de Valmy (20 septembre 1792) et de Jemappes (6 novembre 1792) opposant les troupes françaises aux armées européennes coalisées. Il devra néanmoins s’exiler quand les éléments révolutionnaires les plus radicaux de la Convention ordonneront l’arrestation de son père et des membres de la famille des Bourbons.

Commence alors une période d’errance qui le conduira successivement en Belgique (avril 1793), en Suisse (il y exerce le métier de professeur au collège de Reichenau sous le nom de Chabaud-Latour, dans les pays scandinaves où il participe à une première expédition jusqu’au Cap nord. En 1796, il accepte de rejoindre Philadelphie aux Etats-Unis pour y résider avec ses jeunes frères fraichement libérés de prison, selon les prescriptions du Directoire. Il découvre les territoires du Nord-Est puis séjourne à la Havane de 1798 à 1799. L’arrivée au pouvoir de Bonaparte l’empêche de retourner en France. Il s’établit donc en Angleterre en janvier 1800.  Il se réfugie en Sicile en 1809, épouse Amélie de Bourbon, princesse des Deux-Siciles. Le couple s’établit à Palerme et aura dix enfants.

Après l’abdication de Napoléon-Bonaparte en 1814, Louis-Philippe retourne enfin en France, où il reçoit le titre de duc d’Orléans et se voit restituer le Palais-Royal et une partie de son patrimoine.

Sous les règnes de ses cousins Louis XVIII et de Charles X, période plus connue sous le nom de Restauration, la popularité de Louis-Philippe grandit en raison de sa position politique plus mesurée que celle des ultras du royalisme. En juillet 1830, le roi Charles X abdique sous la pression de trois jours d’insurrection, les « Trois glorieuses ». Ses idées avancées le poussent vers le trône. Ainsi débute un règne de dix-huit années (1830-1848), plus connu sous le nom de « monarchie de Juillet ». Il prête serment à la Charte constitutionnelle révisée et devient Louis-Philippe 1er, roi des Français.

Il travaille à restaurer la concorde entre les factions qui se sont déchirées depuis plusieurs décennies : les républicains, les bonapartistes, les royalistes. S’il est un ardent défenseur de la paix en Europe, il favorise la politique d’expansion territoriale hors de France en Afrique et en Asie. Il est à l’origine d’une politique de développement industriel. La prospérité économique du début de son règne cède la place à une grave crise économique et sociale.

Son refus de procéder à une réforme électorale cristallise les mécontentements jusqu’à la « campagne des banquets ». L’interdiction d’un banquet politique à Paris dégénère en émeute et pousse le roi à abdiquer le 24 février 1848 et à prendre à nouveau le chemin de l’exil. Il ne reverra plus la France de son vivant et s’éteint en Angleterre en 1850.

L’homme de l’Art

Dès son retour en France, Louis-Philippe, alors duc d’Orléans apporte son soutien aux productions françaises. Par ses commandes privées (pour ses nombreuses propriétés) et ultérieurement dans le cadre de commandes publiques, il favorise les projets d’excellence dans le domaine des arts et du patrimoine.

En 1821, il hérite de sa mère et s’engage à achever dans les années suivantes la construction d’une première chapelle néoclassique à l’emplacement initial de l’ancien château comtal capétien et de la collégiale Saint-Etienne de Dreux.

Mais jugeant l’édifice trop modeste, il confie à l’architecte Lefranc le soin de réaliser un édifice de plus grande ampleur absorbant la chapelle néo-classique par l’extension d’un transept et l’adjonction d’un déambulatoire et de cryptes destinés à recueillir les tombeaux de la famille. Son ambition est de créer à Dreux, la nécropole de la nouvelle dynastie des Orléans. Il fait appel aux plus grands noms dans les nombreuses disciplines artistiques : Alexandre Brognard de l’atelier de vitrail de la manufacture de Sèvres ; les artisans vitraillistes qui vont ainsi s’inspirer des peintres Horace Vernet ; Arry Scheffer ; Eugène Delacroix ; Charles-Philippe Larivière, Jules-Claude Ziegler, Jean-Auguste-Dominique Ingres et l’architecte touche à tout Eugène Viollet-le-Duc. Les sculpteurs de gisants se nomment Antonin Mercié ; Aimé Millet et Jean-Jacques (James) Pradier ; ceux des décors et de la statuaire sont Charles-François Lebœuf-Nanteuil et Charles-Emile Seurre.

Les arts musicaux ne sont pas oubliés. On fait appel à Aristide Cavaillé-coll pour la réalisation d’un grand orgue de tribune en 1845. On confie notamment à Sigismond de Neukomm le soin de composer un requiem pour la chapelle royale de Dreux.

Le domaine royal de Dreux illustre ainsi parfaitement ce goût de Louis-Philippe pour les arts et la mise en valeur du patrimoine national.

Nombre de ces architectes et artistes signeront bien d’autres œuvres commandées par le roi.

Concert d'orgues Didier decrette dreux

La postérité de Louis-Philippe

Le roi Louis-Philippe perd son fils ainé, porteur de tous ses espoirs de succession, dans un malheureux accident de voiture hippomobile en 1842. Son petit-fils, Philippe d’Orléans, comte de Paris (1838-1894) regagne la France de retour d’exil après s’être engagé aux côtés de l’Union lors de la guerre de Sécession (1860). Il procèdera au transfert de la dépouille de son illustre aïeul depuis la chapelle Saint-Charles-Borromée à Weybridge au Royaume-Uni vers la chapelle royale de Dreux, le 9 juin 1876. Il sera également l’artisan du renouveau des propriétés familiales d’Eu, d’Amboise. Après le décès du comte de Chambord (1883, il s’attache à perpétuer le projet dynastique de son grand père. Une nouvelle loi d’exil votée en 1886, éloigne de nouveau les chefs de la famille d’Orléans du territoire français. Il faut attendre l’abolition de cette loi en 1952 pour assister au retour de son petit-neveu, nouveau chef de la Maison de France, le prince Henri d’Orléans (1908-1999), comte de Paris[1] pour que le soin apporté aux anciennes propriétés de Louis-Philippe connaissant un renouveau.

Henri d’Orléans et les principaux descendants du roi Louis-Philippe décident de renoncer à leurs parts d’une société civile pour regrouper en 1974, ces domaines historiques au sein du patrimoine d’une fondation reconnue d’utilité publique, la fondation Saint-Louis.

La fondation Saint-Louis[2] restaure actuellement la chapelle de la Vierge, où repose le roi et la reine et la duchesse douairière. Ce chantier de grande ampleur constitue un bel hommage à sa personne et à son tempérament novateur dans le domaine de l’architecture et des arts.

 

[1] Le titre de comte de Paris est actuellement porté par le prince Jean d’Orléans (né en 1965), petit-fils d’Henri d’Orléans (1908-1999) et actuel président d’honneur de la Fondation Saint-Louis.

[2] La Fondation Saint-Louis est actuellement présidée par M. Frédéric du Laurens